fondateur du Scoutisme Catholique et patron de notre chapitre de pèlerinage
Plus qu'un éducateur, qu'un animateur et
entraineur de jeunes et que le promoteur en France de la méthode
scoute, le Père Sevin a donné a la méthode scoute toute sa
dimension puisqu'il l'a catholicisée. Le Père Sevin n'est donc
pas que le fondateur du scoutisme français : il est le fondateur
du scoutisme catholique, de la spiritualité scoute. C'est en
cela qu'il est un exemple pour les jeunes du XXIème siècle,
scout et non scout : parce qu'il a su apprendre à la jeunesse
tout à la fois la joie, l'ascèse et l'amour de la création
divine, et leur proposer une méthode simple menant à la sainteté.
Né à Lille le 7 décembre 1882, Jacques
Sevin est d'abord l'élève des Jésuites au collège de la
Providence à Amiens. Dès cette époque, il s'enthousiasme pour
la marine et la Chevalerie. En mars 1900, il réussit son
baccalauréat et entre à l'Institut catholique de Lille pour y
préparer une licence d'anglais. Au mois de mai, il décide d'entrer
dans la Compagnie de Jésus. Après son Noviciat, il enseigne l'Anglais
au collège de Florennes, ce qui lui permet de passer un séjour
en Angleterre. La même année, en 1907, Baden-Powell dirige son
premier camp scout. Le Père ne s'en doute alors même pas ! En
1913, à la suite de deux articles défavorables au Scoutisme
dans la revue jésuite "Les Etudes", le Père obtient
la permission d'aller en Angleterre pendant les grandes vacances
pour voir ce qu'il en est. Le 20 septembre, il prend sa première
tasse de thé avec Baden-Powell et, enthousiasmé, forme la résolution
de fonder en France "la Fédération Catholique du Scoutisme".
Dès son retour d'Angleterre, il approfondit la méthode scoute et la fait connaître autour de lui. Le 2 août 1914, il est ordonné prêtre. Après plusieurs séjours en Angleterre où il étudie sur place le scoutisme, le Père Sevin commence la rédaction de son fameux livre "le Scoutisme", qui sera édité en 1922. Il fonde plusieurs Troupes et, en 1919, avec Xavier Sarrazin, fonde "l'Association des Scouts de France" qui regroupera plusieurs Troupes. Cette même année, il rencontre l'abbé Cornette et lui fait part d'un grand projet : la fondation d'une Fédération Nationale des Scouts Catholiques. Il reste plusieurs semaines à Paris pour faire avancer les choses. Enfin, le 1er mars 1920, un comité organisateur est créé. Le Père Sevin propose le nom de la Fédération : "Les Scouts de France". Il est chargé de mettre au point le règlement. Par ailleurs, le Père Sevin est autorisé par ses supérieurs à se mettre à la disposition de la nouvelle Fédération.
Le 25 Juillet 1920, date officielle de la création des Scouts de France, paraît le premier règlement. La jeune Fédération a quatre co-fondateurs : le Père Sevin, secrétaire général, le Chanoine Cornette (le " Vieux Loup "), aumônier général, Edouard de Macédo et le Général de Maud'huy. Très vite, le Père Sevin échange le titre de Secrétaire Général contre celui de Commissaire Général. Par un travail acharné, il bâtit la "Maison Scouts de France" : organisation et extension de la Fédération, recrutement et formation des chefs, création et rédaction de la revue Le Chef. Bientôt, le Père Sevin reçoit l'autorisation de Baden-Powell d'organiser des camps-école d'égale valeur internationnale que celui de Mac-Laren en Angleterre : c'est dire la confiance que le fondateur met en cette toute jeune association promise a un brillant avenir ! Comprenant que l'" on ne peut donner que ce que l'on a reçu ", l'année 1922, voit donc l'ouverture du camp de "Chamarande", destiné à la formation des chefs.
C'est également au Père Sevin que l'on doit la croix potencée, le cérémonial, la rédaction catholique de la Loi scoute et de la Promesse, la rédaction des trois Principes, la prière des chefs, les paroles de nombreux chants scouts (chant de la Promesse, cantique des Patrouilles, chant des adieux, monte flamme...), ainsi que l'extension du Scoutisme aux handicapés physiques et mentaux.
Le travail du Père est considérable. En 1924, il doit abandonner son titre de Commissaire général pour se consacrer uniquement à ses fonctions de Commissaire à la formation des chefs. Pendant 10 ans, à partir du mois d'août 1923, le Père dirigera le camp de formation des chefs de Chamarande. Il en sera l'animateur et donnera le meilleur de lui-même pour former des chefs dignes du Scoutisme catholique. Mais au sein du quartier général, des difficultés surgissent. Des oppositions doctrinales provoquent une crise. Le 15 mars 1933, le Père Sevin est prié de se retirer. De cette crise il a donné l'explication suivante : "Après avoir vécu la mystique du Scoutisme, nous sommes entrés dans la politique du Scoutisme !"
Le Père
Sevin se retire sous sa tente, à l'écart des camps, des
conseils et des assemblées, ce qui lui permet de réaliser un
projet que depuis longtemps il portait dans son cur : la
fondation d'un Ordre religieux issu du Scoutisme. Le premier
prieuré en est créé en 1944, sous le nom de l'Institut de la
Sainte Croix de Jérusalem . En 1948, il crée une école scoute,
la " Maison française ". C'est dans la nuit du 19 au
20 juillet 1951 que le Père Sevin rentre doucement à la Maison
du Père. Son corps repose encore aujourd'hui dans le cimetière
de Boran-sur-Oise, où, en unité ou anonymement, des scouts
viennent encore chaque année déposer quelques fleurs et réciter
des prières sur la modeste tombe du fondateur de cette
chevalerie des temps modernes. Le Père Sevin est actuellement
en procès de béatification à Rome...
Toute sa vie, il fut un animateur spirituel,
un entraîneur d'âmes, un formateur de caractères, puisant sa
force auprès de Celui qui a dit : "Sans moi, vous ne pouvez
rien faire !". Cette parole du Christ, le Père Sevin s'en
était profondément pénétré. Ce fut sans doute là le grand
secret de son admirable rayonnement. Plaçant à la base de l'éducation
scoute l'Amour (aimer le jeune tel qu'il est, et pour ce qu'il
est appelé à être), la Joie (celle de l'oubli de soi, celle
qui est contagieuse), et la Confiance (même dans les pires
canailles, il y a toujours 5% de bon, disait BP. Croire sur
parole, et croire capable du mieux), le Père a découvert une véritable
spiritualité : rechercher l'ascèse, cultiver les Vertus (Franchise,
Dévouement, Pureté), et donner par le contact avec la nature
une mentalité de campeur (c'est à dire " d'homme vraiment
libre, indépendant des lieux et des biens, homme qui ne tient à
rien, pas même à sa tente, et qui par conséquent, est toujours
prêt. ").
Incontestablement, c'est le Père Sevin qui est le fondateur du Scoutisme Catholique. La meilleure façon de lui témoigner notre reconnaissance consiste tout simplement à respecter intégralement l'héritage qu'il nous a légué, le magnifique trésor du scoutisme catholique.