De la Chaise-Dieu... En 1043, Robert d'Aurillac,
autrement dit Robert de Turlande, ancien chanoine de l'église
Saint-Julien de Brioude, fils du comte d'Auvergne Géraud et de
Reingarde, comtesse du Rouergue, épris d'absolu après un pèlerinage
à Rome, l'approche à Cluny de Saint Odilon, la rencontre du
pape Benoît IX et une visite au Mont-Cassin, se retire avec deux
soldats nommés Etienne et Dalmace sur ce plateau désolé. Bientôt
rejoint par des disciples de plus en plus nombreux, il fonde un
monastère qu'il dote de la règle bénédictine et pour lequel
il obtient, en 1052, la protection pontificale. Le succès va
croissant : 300 moines, 49 prieurés sont dénombrés à la mort
de saint Robert le 17 avril 1068. C'est la "Casa Dei",
la maison de Dieu, la Chaise-Dieu. C'est la magnifique abbatiale
Saint-Robert.
A l'heure où la jeunesse moderne erre sans accroches et sans repères, sans le Dieu et sans la Foi que leurs pères leur ont oté sous couvert de liberté, le pèlerinage s'avère plus que jamais un utile moyen de sanctification et d'apostolat. Les pèlerins marchent et prient pour leur propre salut mais aussi pour leurs familles, leurs amis et pour tous ceux qui n'ont pas rencontré le Dieu crucifié ou qui ont perdu la Foi en Lui, à commencer par le beau pays de France.
Signe visible de la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les pèlerins, par leurs chants, leurs prières, leur piété et leur recueillement prouvent aux contemporains que Dieu est encore présent en ce monde et, ainsi qu'Il l'a promis, qu'Il n'abandonne pas les hommes.
Dans nos sociétés agitées, le pèlerinage permet de se retrouver face à soi-même et face à Dieu, de contempler la beauté de la création et de méditer la grandeur divine.
Vers le Puy-en-Velay... La ville était déjà, depuis le Vème siècle, un sanctuaire marial très fréquenté dont la notoriété et le message s'étendaient dans toute l'Europe. Au XIème siècle, l'Evêque Gothescalk, qui passe pour être le premier pèlerin à s'être rendu à Saint-Jacques de Compostelle, décide d'associer plus étroitement la cité ponote et le sanctuaire espagnol.
Pour renforcer cette volonté, il fit édifier en 962 une chapelle dédiée à Saint-Michel sur le rocher volcanique d'Aiguilhe. Au cours des siècles qui suivirent, le rayonnement du Puy-en-Velay ne fit que croître, attirant des millions de pèlerins venant se recueillir devant la statue de la Vierge Noire. Certains d'entre eux partaient ensuite pour un périple de plusieurs mois (1 600 km) vers le Finistère de la péninsule ibérique.
Le 8 septembre 1855, jour de la fête de la nativité de la Vierge, le général Pélissier est vainqueur durant la guerre de Crimée au siège de Sébastopol. En signe de gratitude, il conseille à l'évêque, Mgr de Morlhon, de solliciter auprès de l'empereur Napoléon III quelques-uns des canons pris à l'ennemi pour construire la statue que le diocèse du Puy souhaite dédier à Notre-Dame de France. Sculptée par Jean-Marie Bonnassieux, la statue réalisée en fonte de fer à partir des 213 canons de Sébastopol est inaugurée le 12 septembre 1860 devant 120.000 pèlerins. Elle mesure 16 mètres (22,70 m avec le piédestal) pour un poids total de 835 tonnes (110 tonnes pour la statue, 680 le piédestal en pierre et 45 son revêtement en fer).
La mystérieuse statue de la Vierge
Noire brûlée en 1794, reproduite par Philippe Kaeppelin à
partir de documents du XIIIème siècle, les fresques
et sculptures des XIIème et XIIIème siècles
rappellent les liens de cette cathédrale avec le Moyen-Orient
chrétien.
Pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux jeunes, notamment des Routiers-scouts, avec le Révérend-Père Paul Doncoeur, prirent le chemin du Puy-en-Velay pour prier pour la libération du pays et pour tous les camarades déportés en Allemagne.
Depuis décembre 1998, la cathédrale Notre-Dame du Puy, l'Hôtel-Dieu de la ville ainsi que sept tronçons du chemin entre le Puy-en-Velay et Ostabat sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.