Le temps de l'Avent :
le temps du choix de Dieu ?

Le mot de Monsieur l'Aumônier

par l'abbé Philippe Peignot

L'Avent, c'est le moment où l'Eglise se prépare à entamer une nouvelle année liturgique. Cette année qui est celle d'un nouveau millénaire, doit être encore plus motivante étant donné les enjeux qui se dessinent, qui n'accepteront pas la tiédeur ni la médiocrité. Quand on voit l'attitude religieuse et le respect que les Musulmans manifestent dans leur comportement, dans leur vêtement (pas les 'jeunes' évidemment) on doit se poser la question de notre propre attitude et suivre de plus près ce que dit Saint Paul : "Revêtez le Seigneur Jésus-Christ."

C'est dire s'il nous faut méditer les grands mystères de la vie Jésus pour entrer dans cette Unité de notre Dieu incarné et rédempteur. Dieu attend de nous une véritable conversion : il faut nous revêtir au terme de notre vie de la sainteté de Jésus-Christ, c'est à dire de la sainteté même de Dieu, puisque Dieu seul est Saint. Il est même trois fois saint et l'homme ne le devient que parce qu'il emprunte la Charité du Dieu vivant, qui l'imprègne et le possède.

Au début de cette année liturgique, l'Eglise nous remet face au choix que nous avons fait à notre baptême, pour le renouveler : choisir Jésus-Christ et l'amour qui se revêt des vertus de Celui qu'il aime pour l'imiter et lui ressembler, l'amour qui répond ou essaie de répondre, l'amour qui ne recule pas devant le sacrifice et l'effort, mais l'appelle au contraire, le désire pour le prouver dans les actes de la vie quotidienne. Dieu n'a qu'un fils et ne reconnaît que son fils dans son Amour ineffable. Dieu ne reconnaît donc que ceux qui s'identifient au Fils par la grâce et la charité. "Nul ne va au Père sinon par Moi". Il importe donc de vivre dans l'imitation de Jésus-Christ, de nous revêtir de cet habit de Lumière dont il est Lui-même paré. Sans Lui nous ne pouvons rien faire. "Je suis la Porte. Si quelqu'un entre par Moi, il sera sauvé." (Jn X,9)

Pendant ce temps de l'Avent, allons-nous nous décider à nous convertir en renouvelant la promesse faite de nous attacher à Jésus-Christ pour toujours, en revêtant les armes de lumière et en rejetant les œuvres des ténèbres ? C'est un choix décisif qui oblige à des renoncements que nous n'aimons pas...car nous n'aimons pas le renoncement ! Nous voulons bien revêtir les armes de lumière que sont la prière, les vertus, mais nous voudrions n'avoir pas à rejeter les œuvres de ténèbres, c'est à dire les complicités flatteuses et confortables du monde, des péchés du monde et les nôtres. Qui n'a pas son 'lapin blanc' ?

Et c'est une vérité vieille comme le monde (mais nous ne sommes pas du monde), vieille comme la nature humaine, une vérité aussi essentielle à l'homme que sa liberté: tout choix comporte un renoncement. Choisir, c'est renoncer, c'est établir une hiérarchie dans les biens, se fixer une préférence autour de laquelle tout le reste s'ordonne, tout s'harmonise y compris ce à quoi on doit renoncer pour donner corps au choix fixé.

Etre homme, c'est être libre, c'est exercer sa liberté, c'est la vivre par amour, par choix, par renoncement. Etre homme, c'est décider librement de renoncer à ce qu'on n'a pas choisi, à ce qui peut empêcher notre choix, notre adhésion. Aujourd'hui on veut tout à la fois le plaisir, le confort, l'argent, le bonheur sur la terre. On veut concilier l'égoïsme et la fraternité, la puissance et l'égalité, le socialisme et la liberté, l'œcuménisme et la vérité.

Et la vraie liberté se meurt, étouffée par mille passions contraires. Le monde s'ingénie à étouffer les caractères à niveler les personnalités par le bas, c'est à dire par ce qu'il a de moins humain Tous égaux au niveau inférieur, c'est à dire celui du péché, de la paresse et de la jouissance. Mais le Christ veut des hommes, des personnalités, des chrétiens capables de réagir, capables de choisir, de dire OUI à la vertu, Oui à la Vérité, au Bien, OUI à Jésus-Christ, à sa Grandeur, à sa Sainteté et de vivre ce OUI par un NON opposé à ce qui est indigne de Lui. Le renoncement fait horreur à l'homme et cette horreur en fait un esclave alors qu'il est la condition de sa grandeur par l'affirmation d'une volonté libre qui a choisi d'aimer et d'être heureuse en renonçant à jouir. "Je vous dis cela, pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. (Jn XV, 11)

Renoncer à se satisfaire, c'est choisir pour son âme Jésus-Christ, c'est vouloir s'en revêtir, s'en imprégner pour y mettre un peu de sa patience, de son obéissance, de sa douceur de sa générosité, de son amour, de sa sainteté. Avec Jésus, choisissons la grandeur et renonçons à notre médiocrité.

Abbé Philippe PEIGNOT, Aumônier

  in La Cigogne - Décembre 2001 - n°8