L'unité de l'Eglise

 

  1. L'Eglise
  2. D'après Le dogme, pages 347 et suivantes (cf. bibliographie)

    L'Eglise catholique est la société des hommes baptisés qui, professant la doctrine de Jésus Christ, sont soumis aux pasteurs légitimes et principalement au souverain pontife.

    Cette définition regroupe aussi les morts du ciel et du purgatoire.

    L’Eglise est une société vivante. A ce titre, elle est dotée d’une âme (grâce sanctifiante, vertus infuses et dons du saint Esprit) et d’un corps (le pape et les évêques, les prêtres et les fidèles). On peut appartenir au corps sans appartenir à l’âme (ex : fidèle en état de péché), et on peut appartenir à l’âme sans appartenir au corps (ex : infidèle en état de grâce). L’idéal est évidemment d’appartenir aux deux (ex : fidèle en état de grâce).

    Pour sauver notre âme, le seul moyen de salut est l'Eglise.

    "Personne ne peut être sauvé s'il n'a le Christ pour tête, et personne n'a le Christ pour tête s'il n'appartient à son corps mystique qui est l'Eglise. " (St Augustin)

    Il est de Foi que le salut est en Jésus Christ.

    "Il n'y a de salut par aucun autre ; car sous le ciel, il n'est aucun autre nom en vertu duquel nous devions être sauvés" (Actes. IV. 12)

    "Si quelqu'un n'écoute pas l'Eglise, qu'il vous soit comme un païen et un publicain" (Matth. XVIII. 17)

    "Qui vous écoute, m'écoute, et qui vous méprise me méprise ; mais qui me méprise, méprise celui qui m'a envoyé." (Luc. X. 16)

    On peut conclure par la célèbre formule "Hors de l'Eglise point de salut".

     

  3. L'unité de l'Eglise
  4. Notre Seigneur a souhaité qu'il y ait un seul troupeau et un seul pasteur. Il a envoyé ses apôtres en disant : "Allez dans le monde entier, proclamez l'évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné". (Marc. XVI. 15)

    Pour faire partie de l'Eglise, nous devons donc adhérer à l'enseignement de l'Eglise (parfois différent de l'enseignement du pape). L'unité se fait dans la Foi.

    Le catéchisme enseigne que l'Eglise est "une", i.e. que tous les fidèles ont le même culte, la même Foi, les mêmes sacrements et obéissent au même chef qui est le pape.

    La Foi porte sur l'Ecriture sainte (Révélation) et la Tradition. La Révélation est close à la mort du dernier apôtre.

     

  5. L'unité de l'Eglise à Vatican II, notion indéfinissable
  6.  

    On note (Orientalium Ecclesiarum. 2) un bref passage expliquant que l'unité de l'Eglise se fait dans la Foi, les sacrements et le gouvernement. Cette définition est conforme à l'enseignement de l'Eglise, mais ne se retrouve nulle part ailleurs. En revanche, on trouve de nombreux passages qui permettent de penser qu'elle est incomplète, secondaire, voire fausse.

    Listons quelques-uns de ces passages.

    "Le concile exhorte les fidèles à s'abstenir de toute légèreté, de tout zèle imprudent qui pourrait nuire au progrès de l'unité" (Unitatis Redintegratio. 24)

    i.e. l'unité se réalise en dépit des croyances diverses de chacun

    "Ce qui unit (…) les fidèles, est plus fort que ce qui les divise : (…) la Charité" (Gaudium et Spes. 92)

    i.e. c'est l'amour du prochain qui nous unit (et non la Foi).

    "Aux fautes contre l'unité, on peut aussi appliquer le témoignage de Saint Jean : "Si nous disons que nous n'avons pas pêché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n'est pas en nous" (I Jn. I. 10). Par une humble prière, nous devons demander pardon à Dieu et aux frères séparés, de même que nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (Unitatis Redintegratio. 7)

    i.e.

    On en conclut que c'est le respect mutuel qui fait l'unité, et seule compte la volonté d'union.

    La seule volonté d'union suffirait donc pour accomplir l'unité par l'amour et non dans la Foi.

    "Assurément, des divergences variées entre [les fidèles des communautés séparées] et l'Eglise catholique sur des questions doctrinales (…) constituent nombre d'obstacles (…) à la pleine communion ecclésiale. Le mouvement œcuménique tend à les surmonter" (Unitatis Redintegratio. 3)

    i.e. la communion ecclésiale a lieu dès lors que les deux parties (Eglise catholique et frères séparés) ont une volonté commune d'union

    "A travers toutes les époques, c'est le Saint Esprit qui unifie l'Eglise tout entière dans la communion et le ministère". (Ad Gentes. 4)

    i.e. l'unité de l'Eglise se réalise dans l'action commune

    "[Le Christ] institua dans son Eglise l'admirable sacrement de l'Eucharistie qui exprime et réalise l'unité de l'Eglise" (Unitatis Redintegratio. 2)

    i.e. c'est la réception d'un sacrement unique qui réalise l'union des fidèles. On retrouve ici l'idée que l'action commune réalise l'unité.

     

    "Ce qui contribue le plus à révéler la présence de Dieu, c'est l'amour fraternel des fidèles qui travaillent d'un cœur unanime pour la Foi de l'Evangile et qui se présente comme un signe d'unité". (Gaudium et Spes. 21)

    i.e. c'est l'action vécue qui réalise l'unité.

    "L'unité des frères manifeste que le Christ est venu et il en découle une puissante énergie apostolique" (Perfectae Caritatis. 15)

    i.e. l'unité de l'Eglise serait due à l'incarnation. Elle devient une source d'énergie.

    "Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme" (Gaudium et Spes. 13)

    i.e. la révélation est à égalité avec le vécu personnel. En effet, la citation dit bien que c'est l'expérience et non les faits qui confirme la révélation.

    En matière d'unité, l'action (les œuvres) et le vécu prendraient le pas sur la Foi.

     

  7. Quelques manifestations des nouveautés du concile
  8. A de rares exceptions qui font figure de pièces rapportées, le concile Vatican II insiste sur des points de doctrine qui ont toujours été considérés comme secondaires, et la manière dont il en parle ne permet pas de donner une définition claire et exhaustive.

    Il semble que le but soit de parler uniquement de ce qui unit les peuples, au lieu de rechercher tout simplement la vérité. Mais au lieu d’assurer l’unité de l’Eglise, cette manière de procéder est source division entre les catholiques eux-mêmes, (voir ci-dessous, la division dans l’exercice du culte et la division dans la hiérarchie de l’Eglise), car la doctrine n’est plus définie.

    La deuxième source de division vient des fruits du concile. Car le concile n’affirme peu ou pas de dogme. Cette imprécision ne permet donc pas d’éviter les erreurs. En effet, certaines idées sont en accord avec l’esprit du concile mais en opposition franche avec la doctrine de toujours. (Voir ci dessous, les marques d’hérésies, la relativisation des écritures et les erreurs doctrinales sur l’Eglise et le corps mystique).

     

    1. Une division dans l'exercice du culte
    2. La langue vernaculaire et la part importante laissée à l'innovation augmentent considérablement la multiplicité des rites. Jean Paul II critique souvent cette créativité auprès des évêques (cf. iota unum, p 585).

      Alors que le latin était présenté comme l'apanage de minorités vouées à l'extinction, le pape a accordé l'indult puis le motu proprio pour la messe tridentine.

       

    3. Une division de la hiérarchie de l’Eglise
    4. D'après iota unum, p 116 et suivantes.

      Dans son discours du 20 novembre 1976, Paul VI parle de la situation "des fils de l'Eglise qui, sans déclarer leur rupture canonique officielle avec l'Eglise, sont toutefois en situation irrégulière à son égard". Le pape fait provenir cette division du pluralisme dont voici quelques exemples :

      Certains évêques de Hollande mettent l'Eglise romaine à égalité avec l'Eglise (catholique) de Hollande et nient donc le dogme catholique de la primauté de Pierre et de ses successeurs (Giornale del popolo, 28 octobre 1972 in iota unum).

      Cette primauté est régulièrement attaquée par presque tous les évêques qui jugent et censurent les enseignements pontificaux (cf. iota unum, p 588 et suivantes).

      Opposition de l'épiscopat allemand qui refuse l'admission aux sacrements des divorcés remariés et de l'épiscopat suisse qui les admet.

      Opposition entre évêques au sein même de l'Eglise de Hollande sur le sujet de l'ordination de femmes et d'hommes mariés.

      Opposition de l'épiscopat italien et français à propos de l'incompatibilité du communisme avec la religion catholique.

       

    5. Des marques d'hérésie
    6. Toutes les hérésies se manifestent par une divergence de Foi.

      "La Foi d'aujourd'hui à l'état adulte, peut se passer des dogmes. (…) La Foi ne doit pas se fonder sur des vérités révélées mais à travers les événements de l'histoire." (Revue Etudes in iota unum, p 582)

       

    7. Relativisation des écritures
    8. Pour justifier leurs erreurs, les conciliaires doivent atténuer ou changer le sens de l'écriture sainte. Ils y arrivent de plusieurs manières.

      1. Inversion des rapports entre ancien et nouveau testament. L'ancien testament n'a plus de valeur prophétique en annonçant ou en figurant le nouveau. C'est le nouveau testament qui fut écrit d'après les faits remarquables de l'ancien. L'exégèse moderne se fonde sur le sentiment et non sur des faits.
      2. La sainte écriture devient aussi valable qu'un autre témoignage. Il ne s'agirait que de l'exposé de l'état culturel d'un peuple et de sa mythologie. L'inspiration biblique est rabaissée au rang de l'unanimité populaire en faveur de croyances sans fondements. Les miracles sont niés. "Ce n'est pas en raison du pouvoir du Christ d'accomplir des prodiges que nous sommes invités à croire, mais c'est la Foi en lui, Fils de Dieu, qui nous rend capable de croire à ses prodiges" (Card. Gantin, Osservatore romano, 7 décembre 1984)
      3. La sainte écriture n'a plus de valeur historique mais une valeur poétique qui exprime la Foi des communautés de l'époque mais pas la doctrine

       

    9. Une erreur sur la finalité et sur la nature de l'Eglise
    10. D'après Courrier de Rome, n° 247

      "L'ensemble de ceux qui regardent avec Foi vers Jésus (…) [Dieu] en a fait l'Eglise pour qu'elle soit (…) le sacrement visible de cette unité" (Lumen Gentium. 9)

      "[Le concile] aplanit la voie menant à l'unité du genre humain, fondement nécessaire pour faire que la cité terrestre soit à l'image de la cité céleste" (Allocution d'ouverture de Jean XXIII).

      L'unité du genre humain est ici considérée comme une fin propre, il ne faut plus étendre le royaume de Dieu mais lui substituer l'humanité. L'erreur est issue du mélange de la doctrine catholique et d'une idée de la pensée laïque.

       

    11. Une erreur sur le corps mystique
    12. D'après Courrier de Rome, n° 248, point 2.3

      En terme ambigu, le concile considère la Rédemption acquise pour chaque homme du fait du sacrifice divin et non du fait de l'adhésion de chaque homme aux enseignements divins.

      "Le fils de Dieu, dans la nature humaine qu'il s'est unie, en remportant la victoire sur la mort par sa mort et sa résurrection, a racheté l'homme pour en faire une nouvelle créature" (Lumen Gentium. 7)

      Le corps mystique de l'Eglise serait donc constitué de "nouvelles créatures" que l'on considère rachetée. Cette Rédemption anonyme assimile le corps mystique au genre humain. Les frères séparés n'auraient donc aucune raison de changer leurs croyances.

      "[L'Eglise du Christ] est un signe et un moyen d'opérer l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain" (Lumen Gentium. 1)

     

  9. Conclusion
  10. Le concile Vatican II est un concile pastoral. A ce titre, il n’affirme que peu de dogmes mais traite abondamment des relations entre les catholiques, et des relations avec les frères séparés. Nous constatons (cf. 4e partie de ce support) qu’au lieu d’unifier l’Eglise, celle-ce se divise elle même, et s’écarte de son enseignement passé.

    La crise actuelle nous place dans des circonstances particulières car c'est l’Eglise enseignante (le pape et les évêques) elle-même qui commet des erreurs de doctrine en suivant l’enseignement du concile. Pour rester dans l'Eglise, nous devons donc refuser de lui obéir sur les points erronés pour conserver notre unité avec les 2000 ans de Tradition de l'Eglise.

    De tout temps, certains chefs de l'Eglise ont commis des erreurs : les évêques des premiers siècles pratiquaient la simonie, rendant ainsi douteuse la valeur des sacrements. Notre Seigneur ne fut-il pas livré par Judas ? Mais l'unité de l'Eglise n'est pas battue en brèche pour autant. L'Eglise reste la même et c'est nous qui acceptons son enseignement où qui le refusons. C'est le Christ qui a les paroles de la vie éternelle, et nous ne saurions aller à quelqu'un d'autre pour être sauvé.

    C'est pourquoi il n'est pas question pour nous de sauver l'Eglise, c'est l'Eglise qui sauve. Nous devons prendre garde à respecter les enseignements divins car Dieu reconnaîtra les siens.

     

  11. Bibliographie
  12. Catéchisme exposition de la doctrine chrétienne, Tome Le dogme, Ed. Fideliter, 1990

    Amério Romano, iota unum, étude des variations de l'Eglise catholique au XXe siècle, Nouvelles éditions latines, 1987

    Revue Courrier de Rome n°247 et 248.

    A. Boulanger, la doctrine catholique, dogme, morale, moyens de sanctification, liturgie, librairie catholique Emmanuel Vitte, 11e édition 1936

    Deretz J. et Nocent A., synopse des textes conciliaires, Ed. universitaires, 1966

     

    Les textes conciliaires cités ici sont (par ordre alphabétique) :

    Ad Gentes , décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise

    Gaudium et Spes, constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde et dans ce temps

    Lumen Gentium, constitution dogmatique sur l'Eglise

    Orientalium Ecclesiarum, décret sur les Eglises orientales catholiques

    Perfectae Caritatis, décret sur la rénovation et l'adaptation de la vie religieuse

    Unitatis Redintegratio, décret sur l'œcuménisme

 
 
 
NOTES
 
 
 

( 1 )   Le contexte historique de cette citation ne correspond pas exactement à l'usage que nous en faisons ici pour la doctrine. Mais les commentaires des écritures indiquent clairement qu'on peut étendre le sens de cette phrase au domaine doctrinal.

( 2 )   Au ciel, on ne trouve que des catholiques. L'encyclique Quando conficiamur (Pie IX, 10 août 1863) enseigne qu'éventuellement, "ceux qui, ignorant invinciblement la religion catholique, observent la loi naturelle (…) et sont prêts à obéir à Dieu, peuvent, sous l'action de la lumière et de la grâce divine, obtenir la vie éternelle". Mais leur salut se fait toujours dans l'Eglise ; car s'ils n'appartiennent pas au corps (ils ne sont pas baptisés), ils appartiennent à l'âme de l'Eglise. Ces gens sont sauvés en dépit de leur religion éronnée.

( 3 )   Si l'on considère le dogme en tant qu'ENSEMBLE DES VERITES DE FOI, l'enseignement de l'Eglise comprend généralement 2 points : (a) aucune addition de dogme ne peut se faire par une révélation nouvelle. L'Eglise considère la Révélation comme terminée, et elle invoque comme preuves : 1- cette déclaration de Notre Seigneur : "Tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître" (Jn. XV. 15) ; et cette autre parole à propos de la descente du saint Esprit sur les apôtres : "Quand l'Esprit de vérité sera venu, il vous guidera dans toute vérité" (Jn. XVI. 13). De ces textes il ressort que les apôtres ont reçu le dépôt complet de la Révélation. Des révélations postérieures ont pu êtres faites pour l'instruction et l'édification de quelques âmes mais elles n'appartiennent pas à la Révélation chrétienne générale : d'où leur nom de révélation privées, afin de les distinguer de la Révélation publique adressée à tout le genre humain. Quand l'Eglise les approuve, elle n'entend pas les assimiler aux dogmes, elle veut simplement affirmer qu'elles n'ont rien d'opposé à la Foi catholique, à la morale où à la discipline chrétienne. (A. Boulanger, la doctrine catholique, dogme, morale, moyens de sanctification, liturgie, librairie catholique Emmanuel Vitte, 11e édition 1936, 1e partie page 21)

( 4 )   Pour qu'un sacrement soit valide, il faut la forme, la matière et l'intention de faire ce que fait l'Eglise. La simonie consiste à vendre les sacrements ou les services du prêtre. Si l'intention du prêtre est de gagner de l'argent le sacrement n'est donc pas valide.