POUR METTRE FIN A UN MYTHE

Si l'Église, institution divine, ne peut en elle-même se tromper, les Papes peuvent, comme tout un chacun, commettre des erreurs, notamment en matière de jugements à porter et de politique à mener. L'infaillibilité pontificale ne joue là aucun rôle puisqu'elle n'est reconnue, rappelons-le, que lorsque le Souverain Pontife définit, ex cathedra, une doctrine relative à la Foi ou aux mœurs. 

A l'heure des repentances multiples, le rôle de Pie XII pendant la guerre est souvent abordé mais mal connu et donne lieu à de fréquentes inepties, y compris de la part de catholiques ignorants. "Ce que vous faites parle plus haut que ce vous dites" dit Renan. Faisons donc le point sur l'action de Pie XII en cette période si trouble, ce dans un souci de vérité historique et nonobstant les rumeurs calomnieuses.


C'est en 1963 qu'une controverse est née avec Le Vicaire, pièce où Rolf Hochhuth brosse du Pape Pie XII le portrait d'un "cynique impitoyable, qui portait plus d'intérêt au portefeuille d'actions du Vatican qu'au sort des juifs". En 1995, alors que le cardinal Lustiger était invité en Israël à un colloque sur Le silence de Dieu pendant la Shoah, le rabbin Lau Meir déclara également : "Ce n'est pas du silence de Dieu dont on devrait discuter, mais du silence de l'Église et de son Pape de l'époque Pie XII". 

Pourtant, à la mort de celui-ci, le 9 octobre 1958, Golda Meir, ministre des Affaires étrangères de l'Etat d'Israël avait affirmé : "Nous perdons un grand serviteur de la Paix." Déjà, le 25 mars 1928, alors que de nombreux politiques au premier rang desquels les ténors socialistes français faisaient preuve d'un antisémitisme forcené, le Saint-Office avait condamné fermement la haine des Juifs.


Pour opposer l'histoire à la légende née de la scène et développée par des esprits malveillants, le Pape Paul VI décida la publication des documents des archives du Vatican relatifs à la guerre et confia cette tache à quatre jésuites, dont le Père Blet. Le résultat de leurs travaux fut la publication d'une œuvre monumentale Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale, publiée entre 1965 et 1981, synthétisée par le Père Blet dans un livre, Pie XII et la seconde guerre mondiale d'après les archives du Vatican. Mieux que quiconque, ce jésuite peut nous parler de Pie XII pendant la guerre et répondre aux affirmations erronées.

Les efforts pour sauver la paix et limiter la guerre

"Dès le lendemain de son élection, le 2 mars 1939, et face aux menaces d'une nouvelle guerre qui surpasserait encore en horreurs et destructions celles du conflit précédant, Pie XII mit en œuvre tous les moyens en son pouvoir pour détourner l'orage. D'abord, il s'efforça, soit par son nonce à Berlin, ou à travers Mussolini, de dissuader Hitler d'attaquer la Pologne. 

Ensuite, après l'invasion de la Pologne, conjuguant sa diplomatie avec celle de Roosevelt, il essaya de maintenir l'Italie hors du conflit. Pour donner un exemple précis de ces derniers efforts, le 18 avril arrivait au Vatican un télégramme du délégué apostolique à Washington avertissant qu'une haute personnalité du gouvernement pensait que l'Italie allait entrer en guerre comme alliée de l'Allemagne d'ici quelques jours." Pie XII intervînt donc auprès du Président Roosevelt pour qu'il écrive immédiatement à Mussolini afin de le dissuader d'entrer en guerre. 

Le Pape s'adressa lui-même à Mussolini, dans une lettre datée du 24 avril. La réponse fut correcte mais montra qu'elle n'avait en rien changé les intentions du Duce. Quant à la lettre de Roosevelt, le 29 avril, elle n'eut pas plus d'effet.

L'attitude en face du pouvoir national-socialiste 

C'est encore dans ses relations avec Roosevelt que l'on trouve un exemple très caractéristique de l'attitude de Pie XII en face du pouvoir nazi. On a reproché à Pie XII d'avoir fermé les yeux sur les crimes nazis par crainte d'affaiblir l'Allemagne, boulevard de la Chrétienté contre le bolchevisme. Pourtant, dès 1964, Jacques Nobécourt, historien lyonnais de confession judaïque, avait récusé la théorie du silence complice. Sans évoquer les relations entre le Pape et les généraux allemands qui voulaient éliminer Hitler, ni l'avertissement qu'il donna aux Français et aux Anglais de l'offensive imminente de mai 1940, soulignons cet épisode moins sensationnel, mais tout aussi significatif. 

Lorsque le Reich entra en guerre contre la Russie soviétique, Roosevelt se demanda si les Etats-Unis devaient aider ce pays où régnaient une dictature politique et une persécution religieuse. Les catholiques condamnaient tout concours en s'appuyant sur l'encyclique de Pie XI contre le communisme, et particulièrement sur le passage suivant: "Le communisme est intrinsèquement pervers et personne qui veut sauver la civilisation chrétienne ne peut collaborer avec lui en quelque entreprise que ce soit." Roosevelt envoya à Rome Myron Taylor, son représentant personnel auprès du Pape, pour demander une interprétation authentique de l'encyclique de Pie XI contre le communisme. 

Les conseillers de Pie XII furent partagés : finalement, le Pape affirma que la situation présente n'était pas celle que considérait Pie XI, et chargea le délégué apostolique aux USA de confier à un évêque américain le soin d'expliquer aux catholiques que l'encyclique de Pie XI n'interdisait pas de venir en aide à la Russie soviétique en guerre contre l'Allemagne.

L'action en faveur des victimes de la guerre 

Mais le grief le plus souvent repris contre Pie XII est d'être demeuré silencieux face aux persécutions raciales menées contre les Juifs, qu'une dénonciation publique de sa part aurait sauvés de la "solution finale", mise en œuvre par le régime nazi à partir de 1942.


La question d'une intervention publique s'était posée d'abord à propos des Polonais, victimes dès le début de la guerre d'une atroce politique d'extermination. Pie XII lui-même déclarait le 13 mai 1940 à l'ambassadeur d'Italie qu'il était indigné de cette situation. Plusieurs fois des évêques polonais réfugiés en Angleterre réclamèrent ces "paroles de feu". Leurs collègues demeurés sur le terrain étaient d'un autre avis, et le Pape et ses conseillers choisirent la discrétion pour ne pas aggraver la persécution et procurer encore quelques secours aux Polonais.


Après l'offensive allemande contre la Russie, la persécution anti-juive se déchaîna dans les territoires soumis au Reich, et des organisations israélites et les gouvernements alliés se tournèrent vers le Pape en réclamant des condamnations retentissantes. Des indications nombreuses, mais de valeur incertaines parvenaient au Vatican. Dans le message de Noël de 1942 et le discours consistorial du 2 juin 1943, Pie XII évoqua les centaines de milliers de personnes persécutées à cause de leur race ou de leur religion. Face à ses condamnations, Hitler eut jusqu'au projet d'enlever le pape ! (Hitler parle à ses généraux : compte-rendus sténographiques du Q.G. du Führer 1942-1945, Albin-Michel, 1967). Dino Alfieri, ambassadeur d'Italie à Berlin affirma après un entretien avec le pape : "Le Saint Père est prêt à partir dans un camp de concentration plutôt que de faire quoi que ce soit contre sa conscience." (Rome et les Juifs, Pinhas Lapid, Seuil, 1967).

Mais le pape choisit finalement la voie de la discrétion pour ne pas faire payer par le sang des autres quelques belles paroles qui ne lui auraient pas coûté grand chose : "Plusieurs fois j'avais pensé lancer une excommunication contre le nazisme, dénoncer au monde civil la cruauté de l'extermination des Juifs ! Nous avons entendu des menaces de rétorsion très graves, pas contre notre personne, mais contre nos pauvres fils qui se trouvent sous la domination nazie; de très vives exhortations nous sont parvenues par plusieurs moyens, afin que le Saint- Siège ne prenne pas une position radicale. Après tant de larmes et de prières, j'ai conclu que si j'avais protesté, non seulement je n'aurais aidé personne, mais, au contraire, j'aurais provoqué la colère la plus féroce contre les Juifs. (…) Ma protestation m'aurait procuré peut-être l'éloge du monde civil, mais, en revanche, elle aurait procuré aux pauvres Juifs une persécution encore plus implacable que celle qu'ils subissent déjà."

Les faits lui donneront raison : le 26 juillet 1942, dans toutes les églises de Hollande est lue, à l'initiative des Évêques, une protestation contre la déportation des Juifs. Résultat : les déportations s'amplifièrent et, en signe de rétorsion, les premiers à être déportés furent les Juifs baptisés, parmi lesquels Edith Stein et sa sœur. Quand Pie XII fut informé de cette tragédie, il brûla sa protestation destinée à paraître dans l'Osservatore Romano, disant "si la lettre des Évêques hollandais a eu comme prix le meurtre de quarante mille vies humaines, ma protestation en coûterait peut-être deux cent mille. 

Pour cette raison, il est préférable de ne pas parler en forme officielle et d'agir en silence, comme j'ai fait jusqu'à présent, pour tout ce qui était humainement possible pour ces gens". (G. Angelozzi Gariboldi, Pio XII, Hitler e Mussolini fra le due dittature, Mursia, Milano, 1988) Déjà, la Croix-Rouge avait exprimé la même pensée en une formule lapidaire: "Tout d'abord les protestations ne servent à rien; en outre, elles peuvent rendre un très mauvais service à ceux auxquels on voudrait venir en aide."

Le silence, tout ce qu'il y a de plus relatif, couvrait une action secrète à travers les nonciatures et les épiscopats pour faire échec aux déportations et sauver des milliers de Juifs. Des exemples ? La police allemande exigea des Juifs de Rome le versement de 50 kg d'or. Ne pouvant en fournie que 35 kg, le pape Pie XII, à la demande du grand rabbin, fournit les 15 kg manquants. Le Pape leva également la clôture des maisons religieuses pour qu'elles puissent accueillir les Juifs persécutés. 

A la fin mai 1944, le Saint- Siège reçoit l'information selon laquelle tous les Juifs de Rome vont être déportés. Branle-bas de combat au Vatican. Le pape demande à son secrétaire d'État de convoquer l'ambassadeur allemand Weizsäcker. On le menace. Weizsäcker plie et fait savoir au commandant allemand qu'il ne peut pas exécuter cet ordre parce qu'il ne dispose pas de wagons… Les résultats en apparaissent dans les requêtes répétées de nouvelles interventions et dans les témoignages de gratitudes adressées à Pie XII par des associations et des plus hautes personnalités juives au cours de la guerre et après la fin du conflit.

Faut-il rappeler que c'est un historien israélite qui avance le chiffre de 860.000 Juifs sauvés ?

Peter Gumpel, relateur de la cause de béatification de Pie XII, raconte : "Les dirigeants les plus importants de la communauté et de l'État juif l'ont remercié publiquement pour tout ce qu'il avait fait pour protéger les persécutés. Je conseillerais à ceux qui ne me croient pas de lire le neuvième et le dixième volume des Actes et Documents du Saint-Siège concernant la Deuxième Guerre Mondiale, où sont recueillis les témoignages des juifs sauvés de la persécution grâce à l'intervention du pape Pacelli. Je crois qu'il n'y a pas au monde une personne ayant reçu plus de marques de reconnaissance de la part de la communauté juive que Pie XII."

29 novembre 1944 : l'United Jewish Appeal (organisme dirigeant du mouvement sioniste mondial) délègue 70 rescapés pour exprimer au Pape la reconnaissance du peuple juif.


9 février 1948 : le consul d'Israël à Milan, Pinhas Lapid, transmet au Pape les remerciements et la gratitude du même mouvement.

 

26 mai 1955 : 94 musiciens juifs, venus de 14 pays différents, jouent devant Pie XII la neuvième symphonie de Beethoven pour le remercier d'avoir sauver tant de Juifs. Ils parlent même de "l'œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté…"


Dans Le Monde du 13 décembre 1963 : le même Pinhas Lapid déclare qu'il ne comprend pas pourquoi on s'acharne contre Pie XII qui "ne disposait ni de divisions blindées, ni de flotte aérienne alors que Staline, Roosevelt et Churchill, qui en commandaient, n'ont jamais voulu s'en servir pour désorganiser le réseau ferroviaire qui menait aux chambres à gaz." "Je peux affirmer, poursuit-il, que le Pape personnellement, le Saint-Siège, les nonces et toute l'Église ont sauvé de 150.000 à 400.000 Juifs d'une mort certaine." 

 

En 1967, après une enquête approfondie, il aboutit finalement au chiffre de 860.000 Juifs sauvés grâce à Pie XII (Rome et les Juifs, Seuil, 1967). Peu après, il écrit à René Cassin : "Étant Juif, croyant et Israélien, j'ose espérer que ma documentation aura un certain poids, peut-être assez pour essuyer un peu de la haine, la diffamation et les mensonges de ces dernières années".

 

Maurice Edelman, député travailliste, président de l'association anglo-juive, tiendra des propos semblables.

Albert Einstein déclarera : "L'Église catholique a été la seule à élever la voix contre l'assaut mené par Hitler contre la liberté. Jusqu'à cette époque, l'Église n'avait jamais retenu mon attention, mais aujourd'hui, j'exprime ma grande admiration et mon profond attachement envers cette Église qui, seule, a eu l'inébranlable courage de lutter pour les libertés morales et spirituelles."

Lorsque le grand rabbin de Rome, Israele Zolli, se convertit au catholicisme, il prend comme nom de baptême celui de… Eugène et sa femme Eugénie, en hommage au Pape : "La rayonnante charité du Pape, penché sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l'ouragan qui balaya tous mes scrupules à me faire catholique." (Monde et Vie, n°152, 18 mai 1995) et "aucun héros de l'Histoire n'a commandé armée plus vaillante, plus attaquée, plus héroïque que Pie XII au nom de la charité chrétienne".

Golda Meir encore, ministre des Affaires étrangères d'Israël : "Pendant la décennie de la terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du Pape s'est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes." (Monde et Vie, op. cit.)

 

Le Pape et Hitler, l'Histoire secrète de Pie XII de John Cornwell 
 

Publié le 16 septembre 1999, le livre de John Cornwell (en anglais: Hitler's pope, "le pape d'Hitler" !) s'est révélé être une attaque polémique contre Pie XII et la papauté en général, sans aucun fondement historique. Malheureusement, ce ne fut pas le premier et ce ne sera pas le dernier pamphlet calomnieux de la sorte. L'affaire narrative est conduite selon un procédé déjà éprouvé : rappeler des banalités (les biographies de Pie XII dépassent pourtant la centaine), les placer dans une casserole avec quelques piments "vie secrète" façon révélations Paris- Match, et indiquer sur le livre, en caractères bien gras, que l'auteur a pu avoir accès à des archives "UUUltra- secrètes". Aucun historien n'accorde de crédit à ce type d'ouvrage destiné uniquement à enrichir l'auteur et l'éditeur comme l'explique Philippe Levillain, Professeur d'Histoire contemporaine à Paris X-Nanterre, membre de l'Institut universitaire de France, directeur du Dictionnaire historique de la papauté (Fayard, 1994) dans Le Figaro- Magazine (18 septembre 1999). 

Peter Gumpel, raconte les "recherches" de Cornwell : celui-ci n'a pas demandé à avoir accès à la période après 1922 ! "Il a écrit qu'il avait fait des recherches pendant plusieurs mois. Il a en réalité passé trois semaines à recueillir des informations qu'il n'a même pas utilisées par la suite." Et le Père Blet d'ajouter (Le Figaro, 17 septembre 1999) : "Ce n'est certainement pas une contribution à l'Histoire. Le prendre au sérieux ? Je cherche en vain. Les documents dits nouveaux ne sont qu'une pincée de textes recueillis ici et là. Pour le reste, l'ouvrage abonde en contradictions et les lacunes sont considérables". Fermez le ban.

Des cinéastes sans scrupules ou des plus mal informés ressortiront deux ans plus tard, dans le film Amen, les mêmes inepties faisant recette.

Alors, Pie XII, Pape antisémite ? 

"Qu'il ait été germanophile, qu'il ait aimé la culture allemande, ce n'est pas douteux. Mais ce n'est pas un crime ! Dire qu'il a été antisémite n'a pas de sens, rien ne permet de l'affirmer. En tant que chef de l'Église catholique, il avait certainement une préférence pour les catholiques. On attaque un homme, c'est une opération contre l'Église catholique. En tant que protestant, je me sens solidaire !" proteste Pierre Chaunu, historien, protestant, dans Le Figaro du 17 septembre 1999. 

De fait, rappelle Peter Gumpel, (Zenit, 29 septembre 1999) lorsque Mgr Eugène Pacelli fut élu Pape sous le nom de Pie XII, le Berliner Morgenpost, organe proche du mouvement nazi, le considéra comme un ennemi de l'Allemagne. Le général Ludendorff put même affirmer : "La condamnation de la théorie de la race a été au premier plan des visites de Pacelli en France, en 1935 et 1937" (Général et Cardinal, Ludendorff, 1939) et le journal Das Reich de poursuivre en 1937 : "Si Pie XI est un demi juif, Pacelli est un juif parfait". 

Son aversion pour le nazisme était si connue que l'hebdomadaire de l'Internationale communiste La correspondance internationale avait écrit qu'en appelant à la succession de celui qui avait fait preuve d'une résistance énergique contre les conceptions totalitaires fascistes qui tendent à éliminer l'Église catholique, le collaborateur le plus proche de Pie XI, les cardinaux avaient fait un geste éloquent, choisissant comme chef de l'Église un représentant du mouvement catholique de résistance. 

Le 21 mars 1937 avait été publiée l'encyclique contre le nazisme Mit brennender Sorge ("Avec une brûlante inquiétude") : Mgr Pacelli en fut non seulement l'un des rédacteurs mais le texte original a des passages ajoutés de sa propre main. En octobre 1939, alors que la guerre a commencé, le nouveau pape Pie XII publie sa première encyclique Summi Pontificatus : les prêtres allemands qui tentent de lire en chaire la version originale, non édulcorée par les nazis, sont arrêtés. Un rapport secret du service de sûreté du Reich du 9 janvier 1940 fait état de l'influence du texte sur le clergé et les fidèles. 

François-Charles Roux, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège témoigne : "Tout ce que contenait ce document pontifical était pour nous combler d'une légitime satisfaction. Pie XII y prenait position de la manière la plus nette, du point de vue doctrinal, contre le nationalisme exacerbé, l'idolâtrie de l'État, le totalitarisme, le racisme, le culte de la force brutale, le mépris des engagements internationaux, contre toutes les caractéristiques du régime hitlérien."

Non, Pie XII n'a pas été un lâche, encore moins un antisémite; l'Histoire le prouve et peu importent les légendes. Certains accusent encore Pie XI d'avoir trop tarder à publier ses encycliques Divini Redemptoris (contre le communisme) et Mit brennender Sorge (contre le nazisme). Sans doute l'Histoire montre-t-elle que ce dernier n'a pas su prendre la mesure du danger, malgré les mises en garde de catholiques français, principalement des proches de l'Action française. Il fallut attendre juillet 1934, avec l'assassinat de Dolfuss, pour que le Pape ouvre les yeux (La Croix, la croix gammée et les fleurs de lys, Philippe Prévost, Ed. C.E.C., 1999). 

Mais attention ! Souvenons-nous qu'à cette même époque les communistes, socialistes et autres radicaux de gauche tels que Blum ou Thorez se faisaient les hérauts d'un pacifisme aveugle et complice du pangermanisme et du nazisme pour, ensuite, être les farouches partisans d'un conflit, perdu d'avance à cause de leur politique de désarmement. Catholiques, nous pouvons donc être fiers de nos papes.

X. P.

in La Cigogne n°3, décembre 2000